
- Lundi 6 novembre, un mois après l’attaque du Hamas contre Israël, le premier ministre de l’État hébreu Benjamin Nétanyahou a une nouvelle fois balayé la possibilité d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza tant que les otages retenus par le groupe terroriste ne seront pas libérés, et ce malgré les appels en ce sens de la part de l’ONU, qualifiant l’enclave palestinienne de «cimetière pour enfant». Le premier ministre israélien a de même affirmé que l’État hébreu prendra «pour une durée indéterminée, la responsabilité générale de la sécurité» dans l’enclave sous blocus depuis 2007 une fois la guerre terminée.
Selon les autorités israéliennes, plus de 1400 personnes – majoritairement des civils dont 40 de nationalité française – sont mortes en Israël dans les attentats du Hamas le 7 octobre. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière sur le sol de l’État hébreu depuis sa création en 1948. Et 240 personnes sont toujours retenues en otage dans la bande de Gaza. En représailles, Israël, qui promet d’«anéantir» le groupe terroriste, pilonne sans relâche la langue de terre et y a lancé une offensive terrestre. Cette riposte a fait 10.328 morts, selon un bilan du ministère de la Santé du Hamas publié ce mardi. Le Figaro revient sur ce qu’il faut retenir, un mois après le début des combats.
Samedi 7 octobre : le Hamas déclenche le «Déluge d’Al-Aqsa»
Il est 6h29, samedi 7 octobre, quand les premières sirènes retentissent dans le sud et le centre d’Israël. Des milliers de roquettes pleuvent sur l’État hébreu en ce jour de shabbat – où l’usage de la télévision et du téléphone est proscrit – qui marque le début de la fête juive de Simhat Torah. Cinquante ans jour pour jour après la guerre du Kippour, le Hamas attaque Israël et lance l’opération «Déluge d’Al-Aqsa». Les membres de sa branche armée, les Brigades Ezzedine Al-Qassam, aidés par le Djihad islamique palestinien, démolissent la frontière réputée comme l’une des plus inviolables de la planète et déjouent le système de défense antiaérienne d’Israël, le Dôme de fer. Ils déferlent par le ciel – à l’aide de parapentes motorisés -, la mer et la terre à bord de pick-up, de motos ou à pieds.
À seulement cinq kilomètres de la bande de Gaza, 3500 raveurs se trouvent à la soirée techno Tribe of Nova, dans le désert de Neguev : 250 seront massacrés. Les assaillants s’engouffrent dans les localités juives du sud du pays et prennent d’assaut différents kibboutz. «Plus de 100 personnes» sont tuées à Beeri, selon l’ONG Zakan. Dans celui de Kfar Aza, l’armée parle d’un «massacre». D’aucuns affirment que 40 bébés y ont été tués et parfois décapités. Mais aucune source officielle ne permet d’affirmer que de tels crimes ont été commis. Dans d’autres, comme à Nir Am, les kibboutznik se sont défendent, en attendant les forces de sécurité.
Israël et le «Sabre de fer»
Quatre heures après le début des attentats, le gouvernement israélien lance l’opération «Sabre de fer». Benjamin Nétanyahou déclare le pays «en guerre» et prévient que le Hamas paiera «un prix sans précédent». Des troupes se rendent dans le sud du pays et l’armée lance une mobilisation inédite de 350.000 réservistes. L’aviation pilonne le territoire et les bombardements atteignent leur acmé dans la soirée du vendredi 27 octobre.
Mais l’assaut terrestre se fait attendre. L’opération est complexe : Les combattants du Hamas se terrent dans un réseau souterrain de tunnels appelé le «métro de Gaza», les risques d’escalade du conflit dans la région sont sérieux, tout comme la possibilité de tuer des otages en menant des opérations terrestres.
Le 23 octobre, de nombreux chars et blindés israéliens sont positionnés à la frontière avec le territoire palestinien, prêts à l’investir. Dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28, Israël lance la deuxième phase de son offensive en progressant lentement dans la bande de Gaza. Dimanche 5 novembre, l’armée israélienne a affirmé avoir coupé le territoire en deux.
240 personnes toujours retenues en otage
Selon l’armée israélienne, 240 personnes – soldats, civils dont des femmes et enfants – «originaires du monde entier» sont toujours retenus en otage dans la bande de Gaza par le Hamas. Huit Français sont toujours portés disparus et «il est désormais confirmé que certains d’entre eux sont otages du Hamas», indique le Quai d’Orsay sans préciser leur nombre. Officiellement, Israël et d’autres pays occidentaux comme la France ne négocient pas avec les groupes terroristes.
C’est à ce stade que des pays tiers comme le Qatar, qui abrite des dirigeants du Hamas, interviennent. Depuis le début du conflit, cinq otages ont été libérées. Deux Américaines et trois Israéliennes. L’une d’elles, la soldate Ori Megidish a été libéré lors d’un raid de Tsahal, affirme l’armée.
Une situation humanitaire «catastrophique»
Très vite après le déclenchement de sa riposte, Israël exhorte les civils gazaouis à évacuer le nord du territoire et de se rendre vers le sud, à la frontière égyptienne. Plus de 1,5 million de personnes – sur les 2,2 millions qui vivent dans la bande de Gaza – ont été déplacées depuis le 7 octobre. L’État hébreu décrète en parallèle un blocus total de l’enclave palestinienne.
Dans la nuit de mardi 17 à mercredi 18 octobre, un projectile tombe sur le parking de l’hôpital Al-Ahli Arabi, dans le centre-ville de Gaza. Le Hamas accuse Israël et annonce une centaine de morts. Israël pointe, vidéos à l’appui, la responsabilité du Djihad islamique. Une source du milieu du renseignement parle plutôt d’une dizaine de morts. Il est encore impossible de prouver avec certitude l’origine de la frappe, bien que plusieurs documents de sources ouvertes permettent de mieux comprendre son origine. Les hôpitaux sont au cœur des affrontements : Israël affirme que le Hamas y a installé des centres de commandement souterrains et accuse le groupe terroriste de s’en servir comme des boucliers.
Le 21 octobre, plusieurs agences des Nations unies déplorent une situation humanitaire «catastrophique» : les hôpitaux sont «submergés» et les enfants «meurent à un rythme alarmant». L’ONU appelle à un cessez-le-feu.
Dans ce territoire où 80% de la population est dépendante de l’aide humanitaire, l’arrêt des approvisionnements en carburants rend les déplacements très difficiles et empêche de faire fonctionner les hôpitaux et les usines de dessalement d’eau. Un temps bloqués à la frontière égyptienne, à Rafah, les camions d’aide humanitaire entrent dans la Bande de Gaza au compte-goutte depuis le 21 octobre. Au total, 569 camions sont depuis entrés dans l’enclave.
Dans le sens contraire, 600 étrangers et des blessés considérés comme prioritaires ont quitté la bande de Gaza le 3 novembre pour rejoindre l’Égypte. Le terminal de Rafah a rouvert ce mardi 7 novembre pour que plusieurs centaines de détenteurs de passeports étrangers puissent sortir. Plus de 100 Français ont pu quitter le territoire sous blocus.
Les Occidentaux, entre soutien à Israël et protection des civils à Gaza
Dès le 9 octobre, le président américain Joe Biden, Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz, le premier ministre britannique Rishi Sunak et la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni appellent «les autres groupes extrémistes ou tout État, en particulier l’Iran», à ne «pas étendre le conflit». De même, Washington met en garde le Hezbollah d’ouvrir un front depuis le Liban. Vendredi 3 novembre, Hassan Nasrallah, le leader du parti chiite allié de l’Iran, s’est abstenu de déclarer la guerre à Israël précisant toutefois que «toutes les possibilités sur le front libanais» sont ouvertes.
Plusieurs leaders occidentaux se rendent en Israël pour assurer Nétanyahou de leur soutien. Mais aussi dans les pays arabes pour trouver une sortie de crise. C’est le cas, à plusieurs reprises, du secrétaire d’État américain Anthony Blinken, de Joe Biden, Emmanuel Macron, Rishi Sunak, Olaf Scholz ou encore la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
En Europe, après d’âpres tractations, les chefs d’État et de gouvernement tranchent en faveur de pauses humanitaires à l’issue d’un sommet à Bruxelles le 27 octobre. Mais Israël ne veut pas en entendre parler. Tout comme l’allié américain, pour qui une telle option «bénéficierait au Hamas». Enfin, les dirigeants des pays occidentaux appellent l’État hébreu à respecter le droit de la guerre en protégeant les civils.
Les pays arabes, entre appels au cessez-le-feu et soutien ouvert au Hamas
L’Iran est le premier pays à afficher son soutien au Hamas. Le pays, allié historique du groupe terroriste, est soupçonné de l’avoir aidé à préparer son offensive. Ce qu’il nie. L’Algérie, elle, soutient le Hamas quand la Tunisie exprime son soutien «total et inconditionnel» aux Palestiniens.
D’autres pays préfèrent appeler au cessez-le-feu, se livrant dans certains cas à d’ardus numéros d’équilibristes. C’est le cas de l’Égypte qui refuse d’accueillir les réfugiés de Gaza. Mais aussi des Émirats arabes unis et du Bahreïn qui ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020 avec les accords d’Abraham. Le Maroc, signataire du texte, condamne les attaques contre les civils «d’où qu’ils soient». La Russie, elle, appelle à l’arrêt des combats mais ne condamne pas l’attaque du Hamas.
Alors qu’au début du conflit la Turquie comptait jouer les médiateurs et ne pas abîmer ses relations avec Israël, son président Recep Tayyip Erdogan s’est érigé, à mesure que les bombardements se sont intensifiés sur Gaza, en défenseur des Palestiniens et de l’Islam et en contempteur de l’Occident. Enfin, l’Arabie saoudite a suspendu ses négociations «en vue d’une normalisation éventuelle» avec l’État hébreu.
Des manifestations propalestiniennes partout dans le monde
Le conflit trouve son écho dans les rues du monde entier. De Paris à Kuala Lumpur en passant par Casablanca et Varsovie, les cortèges de manifestants aux couleurs de la Palestine ont envahi les capitales. Les revendications s’entremêlent, allant du simple cessez-le-feu aux propos antisionistes, voire, antisémites.
Dans d’autres manifestations, les participants réclament la libération des otages et réaffirment leur soutien à Israël.
En France, depuis la résurgence du conflit israélo-palestinien, 1 040 actes antisémites et 486 interpellations en France depuis le début du conflit, selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ce dimanche 5 novembre.
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