Honorable Hadja Aïssata Daffé : « Si toutes les femmes votent pour les femmes, il n’y aura jamais eu d’homme président en Guinée »

En Guinée, la loi accorde 30% aux femmes sur les listes de candidature. Mais, bon nombre des partis politiques ne respectent pas cette législation. C’est ce que révèle l’Honorable Hadja Aïssata Daffé, présidente nationale des femmes de l’Union des forces républicaines (UFR), députée à l’Assemblée Nationale et au parlement de la CEDEAO. Madame Daffé fait de son cheval de bataille l’émancipation de la femme guinéenne dans les instances de prisede décision et de son implication en politique.
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En Guinée, les femmes s’intéressent peu à la politique. Vous en tant que femme parlementaire, quel est votre combat à l’hémicycle pour inciter d’autres femmes à s’intéresser à la politique ?

C’est vrai, les députés peuvent proposer des lois pour que les femmes puissent s’impliquer en politique ou créer des mesures incitatives pour que les femmes et filles puissent venir en politique. Ce n’est pas seulement le travail des députés, mais c’est aussi le travail des états major des partis politiques qui doivent aller sur le terrain pour imposer aux femmes à venir en politique. C’est un combat que nous avons toujours mené. Moi je suis longtemps porte-parole du cadre de concertation, les filles et femmes. Nous avons eu à faire beaucoup de plaidoyer auprès des gens pour une meilleure représentativité. Les femmes en Guinée ne profitent pas de supériorité intellectuelle pour pouvoir mieux s’impliquer en politique. Sinon, il n’aurait jamais eu ici d’homme président. Il n’aura que des femmes présidentes de la République en Guinée. Parce que nous faisons les 52% à 53% de la population guinéenne. Et cette solidarité féminine si elle existe, si toutes les femmes votent pour les femmes, il y aura plus de femmes à l’Assemblée, il y aura plus de femmes maires, il y aura plus de femmes chefs de quartier. Mais dommage les femmes ne se rendent pas compte de la place qu’elles occupent encore dans notre société. Et c’est des problèmes que nous avons. Il faut surtout encourager les jeunes filles à faire de la politique parce qu’il faut préparer la relève et si elles ne s’intéressent pas à la politique, il y aura un vide. Et ce vide, il faut le combler dès maintenant. C’est pourquoi on a fait la charte des partis politiques et toute invitation qui se faisait ont exigeait aux états major des partis politiques non seulement d’envoyer une femme mais aussi d’envoyer une jeune fille pour qu’elle puisse à côté de sa maman ou de sa sœur pour commencer déjà à être rodée dans la vie politique de notre pays.

Honorable, les quotas des femmes ne sont pas respectés par les états-majors des partis politiques surtout dans les démembrements. Votre lecture ?

Le bureau de cadre de concertation des femmes et filles s’intéresse à ce problème avec le NDI. Il y a des bureaux à l’intérieur du pays dans les régions, les préfectures et les sous-préfectures. Le NDI se bat pour que les femmes soient représentées non seulement dans les zones urbaines mais aussi dans les zones rurales. Ces démembrements vont jusqu’au niveau des sous-préfectures. Moi-même j’ai participé à la mise en place des premiers démembrements de ce cadre de concertation des femmes des partis politiques. C’est une façon d’inciter les femmes à venir impliquer en politique.
La plus part des femmes se disent que la politique n’est pas leur affaire. Alors, dites-nous est-ce-que vous n’êtes pas victimes de vous-même ?

Chacune de nous est intéressée par la politique. Puisque chacune de nous veut que quand ton enfant est malade qu’il soit bien soigné. Quand ton est à l’âge d’aller à l’école qu’il soit envoyé dans une bonne école. Qu’on ait des logements sociaux. Tout ceci c’est de la politique. Tout gouvernement qui ne fait pas bien ça, il dira qu’ils ont une mauvaise politique. Donc, cela veut dire l’éducation de l’enfant, la santé de l’enfant, avoir de bon logement. Tout cela c’est de la politique. Tu ne peux pas dire que la politique ne t’intéresse pas. Si tu ne fais pas de la politique, elle fera de toi ce qu’elle veut. Donc, il faut que chacune de nous s’explique en politique. Partout, pour occuper des postes de prise de décision, il faut être en politique.
L’humanité vient de célébrer la date du 08 mars. Cette date représente quoi pour vous ?

Le 08 mars c’est la revendication du droit des femmes. Faire l’état des lieux pour voir ce qui est fait et ce qui n’est pas fait. Et quelles sont les stratégies que nous devons mettre en œuvre pour pouvoir atteindre nos objectifs. Si le gouvernement nous propose, et qu’il ne respecte pas ses engagements, si tel n’est pas le cas, nous continuerons à revendiquer. Que ça soit au niveau de l’exécutif ou au niveau des politiques.

Quel est votre message à l’endroit des autres femmes notamment des femmes leaders de Guinée?

Je leur demande d’être solidaires, de se donner la main pour qu’on puisse avancer. Il faut qu’on profite de notre supériorité numérique sinon on n’y arrivera jamais et qu’on sache revendiquer notre droit au bon moment et aux bons lieux.

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